Impuissance, un terme zappé par les professionnels pour celui de « dysfonction érectile », « difficulté d’érection », ou panne sexuelle

Le vocabulaire sexologique évolue en fonction des connaissances médicales ou psychologiques. Ainsi, les mots employés pour définir les troubles érectiles ont-ils énormément changé.

On parlait autrefois d’impuissance. Ce terme est encore employé dans le langage courant, chacun sait ce qu’il signifie, mais les sexologues l’ont totalement abandonné.
Pourquoi ? C’est que lorsqu’on parle d’impuissance, on affirme qu’un homme « est » impuissant. Il n’a pas d’érection, et il semble qu’il ne pourra jamais en avoir à nouveau. Comme si ce problème sexuel faisait partie de ce qu’il est, de son être, et non d’un problème de fonctionnement. Si je « suis » impuissant, j’ai l’impression que c’est ainsi et que je n’y pourrais jamais rien. C’est mon destin en quelque sorte !
Or, avec les progrès de la sexologie, spécialité qui a seulement une quarantaine d’années, les médecins ont pris conscience que les troubles de l’érection peuvent se soigner, et même se soigner très bien. Nous avons actuellement à notre disposition toute une panoplie de traitements. C’est donc très naturellement que les mots ont changé. Une panne, cela signifie que cela peut se réparer. Une dysfonction, c’est que cela ne fonctionne pas bien pour le moment, mais qu’en s’en occupant, tout fonctionnera à nouveau.
Bien entendu, le corps n’est pas qu’une mécanique. Mais il est aussi une mécanique qui peut être réparé quand c’est nécessaire.
Au total, il serait bon que tout le monde raye de son vocabulaire cet horrible mot « impuissant ». Il en est d’ailleurs de même pour le mot « frigide » appliqué aux femmes, mot totalement tombé en désuétude chez les sexologues.

Une réflexion au sujet de « Impuissance, un terme zappé par les professionnels pour celui de « dysfonction érectile », « difficulté d’érection », ou panne sexuelle »

  1. Le mécanicisme et son inverse: deux erreurs.

    Il est évident que le siècle des Lumières avec son rationalisme caricatural (de Descartes à l’origine) mérite d’être ”relativisé” par un retour, prudent, aux sources. La coupure Esprit/corps n’est pas aussi radicale qu’on le prétend encore (en dehors de vos remarques Docteur). Le spiritualisme est la caricature de l’inverse.
    Il faut de la mesure en tout, et surtout: en ce domaine des rapports de l’Amour et du corps ”sexuel”.
    Descartes disait: ”il y a tout ce que nous avons en commun avec les animaux”, mais il ne prétendait certes pas à y intégrer aussi nettement la sexualité humaine, qui est propre à l’Homme.
    Ci-dessous mes textes là-dessus, dans mon blog (c’est assez court quand même…).
    Bien à vous.

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