En direct des assises de sexologie à Strasbourg : Je prends un médicament pour l’érection, faut-il en parler à ma partenaire ?

Quand on a une dysfonction érectile, des pannes sexuelles répétées ou récurrentes, on peut trouver une solution efficace en prenant des médicaments tels que Viagra, Cialis ou Levitra. Mais doit-on le garder pour soi ou parler de ce traitement à sa partenaire ?

Une étude présentée aux assises de sexologie montre la réalité :
– En cas de dysfonction érectile légère, 21 % des hommes en parlent à leur partenaire.
– En cas de dysfonction érectile modérée ; 47 % parlent de ce traitement à l’autre
– Et en cas de dysfonction érectile sévère, 93 % disent qu’ils ont parlé de ce traitement à leur partenaire.
Aux assises de sexologie (Strasbourg 2008), l’idée était plutôt que ce serait quand même mieux d’en parler que de garder ça pour soi. Car si l’homme n’en parle pas, cela signifie qu’il continue à se mettre lui-même une pression, et qu’il continue à avoir une angoisse de performance.
Personnellement, je ne pense pas que ce soit aussi simple.
Moi, je suis pas sûre que ce soit toujours une bonne idée de dire à sa partenaire « Je prends un médicament pour avoir de bonnes érections ». Elle peut être vexée, penser qu’elle ne plait plus, ne pas comprendre l’importance des érections pour son partenaire. Elle peut penser qu’elle n’est plus aimée, car comme le disent parfois les femmes « s’il m’aimait, s’il me désirait, ça fonctionnerait ». Or, tous les hommes savent pertinemment que c’est faux. Un homme peut éprouver beaucoup de désir et ne pas voir venir son érection.
Donc, un homme peut ne pas vouloir en parler de ces médicaments parce qu’il se sent humilié d’en parler, mais aussi parce qu’il sent que cette confidence ne sera pas bien reçue par l’autre.
Alors, chacun fait comme il préfère. Ne pas en parler peut aussi libérer, l’érection fonctionne à nouveau, une embellie de couple survient, la crise est passée et on peut ensuite abandonner le médicament. Pourquoi prendre le risque que l’autre pense « ce n’est pas une vraie érection, elle est artificielle »…
Quand je fais ces remarques, je me dis que c’est peut-être plus facile dans le cadre de relations homosexuelles ? Un homme peut plus facilement comprendre un autre homme. D’un autre côté, une relation entre hommes n’est pas la même qu’avec une femme. Il peut exister une sorte de compétition qui fait qu’il n’a pas envie de montrer ses faiblesses.
Alors, il me semble que chacun se débrouille de son mieux avec sa psychologie personnelle et celle de l’autre. Et je crois même que je n’ai pas, en tant que sexologue à donner de conseils pour inciter mes patients à faire un coming out et dire « Je prends du Viagra » (ou Levitra ou Cialis), mais plutôt à respecter son ressenti.

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